Lettre - Une disparue

Texte intégrale - Fan fiction de KaitouR

Peut-être reviendras-tu… Ou peut-être pas… Cette lettre, c’est la vingt-septième que j’écris.

Vingt-sept… C’est l’âge que tu avais lors de ta disparition. Pour moi, tu as toujours cet âge-là, tu n’as pas changé. Si je te voyais dans la rue, te reconnaîtrais-je ?

Londres a beaucoup changé. Et nous aussi. Lui et moi, surtout.

Près d’un an après que tu sois partie, nous avons repris notre quotidien de duo d’enquêteurs. Mais ce n’était pas comme avant, avec toi... Je regrette de ne plus te voir…

Et si… Et si tu étais près de nous ?

Et si tu habitais juste en-dessous de nous ?

Et si… non, ça ne sert à rien d’imaginer.

J’ai toujours pensé, à notre rencontre, ce jour où nous avons enquêté sur ce monstre, que tu étais avec lui, sa femme, ou même sa fille. Puis, lorsqu’il m’a dit qui il était, j’ai compris qu’en fait, vous ne faisiez que travailler ensemble. Toi-même me l’a dit un jour : «Un miracle peut toujours arriver, qui sait. Mais entre nous, on ne les appelle “miracles” que parce qu’ils n’arrivent jamais.»Mais justement, quand on y croit, ils se réalisent, non ? Ou alors, ce qui se passe n’est pas un miracle, et que je n’ai qu’une vision positive du miracle. Qu’il peut arriver n’importe quand,

Juste être proche de toi… c’est tout ce dont j’ai besoin.

Ilm’a raconté que tes adieux étaient… bien trop étranges pour une femme forte comme toi.

Je me dis que si j’avais été là, à ton départ, je t’aurais dit : «Ne pars pas, reste encore un peu.»Encore, et encore… Et à présent, je me dis : «Nous pourrons nous voir n’importe quand.»Encore, et encore... Si nous nous rencontrons encore, je me demande si nous pourrons partager encore plus de rires… Si un jour, tu obtiens cette lettre… Si un jour, oui, si un jour tu l’as…

Je voudrais que tu retiennes ces cris, qui longtemps ont voulu franchir mes lèvres :

«Peu importe combien je pense à toi, tu ne sauras pas. Je dois le dire, je dois commencer à bouger. Notre secret va rester caché, et juste être oublié, n’est-ce pas ? Alors… S’il te plaît, viens ici maintenant... »

L’auteur de la lettre la plia, et la mit dans une enveloppe.

Sur le dos, soigneusement, il inscrivit : «À ma chère Emmy, disparue depuis trop longtemps ». Puis il la posa dans un tiroir, parmi les vingt-six autres, portant le même nom de destinataire.

Il s’en alla vers la cuisine, et prépara une tasse de thé. Fumant, comme il l’aimait. Avant de lui apporter, il laissa une tasse sur la table, ainsi que des petits gâteaux, une théière pleine d’eau chaude, et des sachets de thé, ses préférés, au cas-où elle reviendrait subitement. Il le faisait depuis maintenant douze ans. Depuis douze ans, il guettait son retour.

Il frappa à la porte, tasse de thé à la main.

« Professeur ? C’est Luke, je vous apporte votre thé. Ouvrez-moi, s’il vous plaît. »